À l’automne 2014, en triant des souvenirs de mon enfance, je suis tombée sur un crochet 2,50 mm ayant appartenu à mon arrière-grand-mère. Ou peut-être à ma grand-mère. Dans ma famille, couture, crochet, broderie, tricot font partie du quotidien depuis quelques générations.
Ma grand-mère paternelle excellait à la machine à coudre. Au fil des années, elle m’a confectionné des tenues de cérémonie, des déguisements, des habits de poupée, des parures de lit (des rideaux, des dessus de tabouret), etc. C’est aussi elle qui m’a initiée au canevas.
Sa mère à elle, mon arrière-grand-mère, jouait plutôt du crochet et de la broderie. J’ai encore en ma possession certains de ses travaux, dont un châle crocheté dans les années 70, au blanc immaculé malgré ses 45 ans, et un drap au revers brodé de papillons.
Ma grand-mère maternelle était plus tricot. Je porte très souvent le gilet gris qu’elle m’a tricoté quand j’avais une vingtaine d’année. J’en ai presque quarante, il est à peine élimé. La couverture granny qu’elle m’a crochetée pendant mon adolescence fait aussi toujours partie de ma déco intérieure. Et c’est avec sa Singer Starlet 496 que je m’initie à la couture.
Mais les aiguilles, crochets et autres outils créatifs ne sont pas qu’une affaire de femmes dans mon histoire familiale. Mon grand-père paternel exerçait le métier de sellier garnisseur. Et c’était un bricoleur de génie. Il pouvait rapiécer mon cartable en cuir troué, comme fabriquer de toute pièce un lit à bascule pour mes poupées.
Mon enfance a été très riche en pièces uniques aux finitions impeccables, qu’elles soient de laine ou de tissu, pour moi ou pour mes jouets, pour décorer ou être portées.
C’est pourquoi je m’étonne de ne pas avoir attrapé plus tôt le virus de la « créativité aiguë ».
Mes grands-mères ont tenté de m’apprendre les bases du tricot, du crochet ou de la couture quand j’étais ado, mais je ne me suis jamais aventurée plus loin que la broderie au point de croix. De façon compulsive, cependant : un nombre conséquent d’ouvrages terminés dorment au fond de mes tiroirs (l’un de mes préférés est « La mère et l’enfant d’après Klimt » ci-dessus, toujours en vente ici, si ça tente certains de le réaliser à leur tour). Cette habitude s’est éteinte au fil des années, mais cela m’a permis de savoir raccommoder les trous du quotidien, au besoin.
Avoir ce crochet en main, tant d’années après qu’il eut servi pour la dernière fois, a réveillé en moi une envie immédiate, impérieuse de l’utiliser. Pourquoi ?
Besoin de me connecter à mes ancêtres ? Désir de créer quelque chose de plus concret et utile que des broderies ? Façon saine d’évacuer les petits stress de la vie ? Satisfaction intellectuelle de maîtriser quelque chose de nouveau ? Sans doute un peu de tout ça.
À l’automne 2014, je ne sais plus faire de crochet, mais j’ai envie d’apprendre.
Alors je me lance.
La suite ici : Les premières mailles